Après avoir vu la ville dans tout ses sens, et ceux de façon très croissante plus la fête approchait. Les moutons déambullaient partout dans la ville, traverser des boulevards...
De plus, les moutons sont cher cette année, on n’en trouvera pas à moins de 50 000 CFA soit plus de 75€. Et il faut aussi savoir qu’une famille standard peut avoir modestement jusqu’à 6 moutons pour la concession (les oncles, les frères, les petites sœurs, les grands-mères, les cousins…) à tuer ce jour ci !
On peut en compter jusqu’à 15-20 moutons, c’est proportionnel au nombre de femmes mariées à l’homme, à la richesse et grandeur de la famille.
(Photo volée en moto, pardon pour la qualité. Il faut comprendre que les moutons sont par centaines en troupeaux devant un bar ( lumieres au fond ) )
Chacun fait de son mieux, donne beaucoup d’energie, s’applique à la beauté de la fête.
Le jour J est arrivé.
La journée commence très tôt et par laver les moutons, ils doivent être propres pour l’occasion. Les hommes (et femmes âgées avec enfants, mais surtout les hommes), vont à la mosquée du quartier pour la grande prière de 9h. A 7h30-8h, les gens commencent à circuler dans la même direction, celle de la mosquée, beaucoup sont à pieds, avec des grands boubous, très colorés et brodé pour l’occasion.
Les femmes sont déjà dans leurs gamelles pour préparer les condiments, le riz, les sauces qui accompagneront la viande.
J’arrive donc dans la famille qui m’ a invité à 8h30-9h, on passe devant des lieux de prière de la ville, les gens sont regroupés par centaines, tous assis sur leur tapis, le chapelet à la main, dans une grande concentration et sérénité.
Les foules à pieds deviennent prioritaires sur la route, jusqu’à arrêter la circulation des (peu de) voitures ! A cette heure ci, la ville est déserte ! Oui oui, déserte, pas un chat. Très peu de voiture, quasi aucun taxi pour circuler, les sautramas sont arrêtés.
9h10, les hommes de la grande famille rentrent de la prière. Un instant caché dans leurs chambres respectives pour enlever leurs superbes vêtements de fête, puis pour attraper les couteaux achetés pour l’occasion.
Finalement c’est 10 moutons qu’il faut tuer ce jour pour cette famille !!!!
10 Moutons à égorger, au dessus d’un trou creusé à l’extérieur de la cours de la maison, pour y recueillir le sang. Ceci se fait en direction dela Mecque(la même direct que les prières).
C’est une cérémonie qui n’a pas de rites particuliers. Juste le fait que ce soit le vieux de la famille qui fasse l'acte d'egorger et les plus jeunes qui tiennes la bête. Si ce n’est que je semble intrus : une femme et une blanche avec tout ses hommes et leurs couteaux !
Une fois les 10 tués, chacun s’en attribué un pour s’apprivoiser boucher le temps delà fête. Ils s’apprivoisent avec leur carcasse pour enlever la peau, ouvrir, vider, couper pour donner cela rapidement aux femmes. Chacun coupe un peu à sa façon, d’où la difficulté pour moi de savoir quels morceaux on a mangé avec quoi, comment, à quelle heure !!!
L’abattage des bêtes se termine assez vite, chacun prend plaisir à être plus rapide que le voisin… On se salue d’un voisin à l’autre.
Les bêtes sont découpées à même le sol … Il ne faut pas trop réfléchir, quand c’est sur la terre battue, entre les feuilles mortes, non loin des déchets… Heureusement tout cela sera bien bouilli ensuite.
Les femmes commencent par cuisiner les abas nobles : le foie, le cœur. On a mangé cela vers 11h, je pense… Tous autour du plat : nous sommes assis à 5-6 sur des canapés, on pose le plat au sol et on mange chacun avec sa main droite préalablement nettoyée, à l’aide du pain.
Les plats vont s’enchainer toute la journée à un rythme régulier. Apres la viande sera cuite avec des légumes, avec des patates à l’eau, avec du riz… Chacune des femmes y va de sa propre imagination.
Entre chaque plat, je suis vivement accueillie. Une bande de jeunes de moins de 30 ans sont à la porte, à faire le thé, à jouer aux dames. D’ailleurs ils se défendent très bien, et m’ont très vite mise en placard !
On rit de tout, tous les sujets de conversations passent. On envoie aussi de la viande dans les familles, pour les oncles, pour les grands frères, pour les parents en ville, pour les amis devenus des frères.
Ce jour est important pour le message qu’il fait passer.
En effet, ce jour ci, tout le monde passe pour venir faire ses benedictions aux plus agées, pour que Dieu leur donne de l’argent ,une longue vie, que toute la famille se porte bien , que chacun est du travail, qu’ils puissent manger … Mais aussi et surtout on demande à chacun de nous pardonner de nos erreurs ou de nos fautes durant l’année ecoulée. C’est un geste et une démarche très himble et respectueuse. On peut tous en tirer une leçon de vie...
Les enfants très joliment vêtu pour l’événement, s’approchent de nous pour nous compter quelques bénédictions et attendre leur pièce en échange. J’ai du mal avec cette coutume… (Sentiment purement personnel, qui pour moi les entrainent à mendier pour tout et n’importe quoi ! Semblable à Halloween dans les pays Nord.)
C’est donc les jeunes qui font la démarche d’aller voir les plus âgés pour leur présenter leur pardon et les bénir.
Cette échange est assez rapide et ne demande pas d’attention particulière. Les 2 personnes peuvent même se croiser dans les rues et continuer leur marche à pas lent pour se bénir. L’un prononce une phrase commençant par « Allah.. », l’autre répond « Amina » (lire Amen) à chaque phrase.
Le lendemain matin, on déjeune tous la même chose : après avoir mangé les meilleurs morceaux de la bête, il restait à faire bouillir toute la nuit les tripes !
Alors la ville se réveille avec l’odeur de tripes dès 8h !!
Et là, il faut avoir le cœur bien accroché ! C'est pour moi se sont des souvenirs de grands week-end Famille !
Pour les repas, il faut savoir que les femmes mangent avec leurs enfants et leurs bonnes (quelques fois, elles sont mises à part) proches des fourneaux et les hommes mangent plus loin dans la cours, toujours dans un plat commun.).